I – LA PREMIERE GUERRE MONDIALE, CONFLIT D’UN TYPE NOUVEAU

1) Le déclenchement de la Grande Guerre

La cause immédiate du premier conflit mondial est connue de tous : il s’agit de l’attentat de Sarajevo, le 28 Juin 1914 quand l’héritier du trône d’Autriche – Hongrie, l’archiduc François-Ferdinand, est assassiné.
Il convient néanmoins de relativiser l’importance de cet événement. Dans cette période très troublée à la charnière des deux siècles, l’assassinat de dirigeants politiques, de souverains, est sinon fréquent du moins régulier. Mais, cette mort est l’étincelle qui met le feu aux poudres en raison d’un contexte de tension.
D’une part, l’incident éclate dans la région des Balkans considérée comme le « tonneau de poudre » du continent européen. Dans cette zone, des guerres ont déjà éclaté dès 1912 pour le partage des dépouilles de l’Empire Ottoman. C’est ici que naît la guerre totale qui plonge les civils dans le conflit.

Ces guerres balkaniques servent en quelque sorte de « brasier » à partir duquel toute l’Europe va se déchirer.
D’autre part, l’attentat déclenche le jeu des alliances : Triple Entente (France – Grande-Bretagne – Russie) contre Triple Alliance (Allemagne – Autriche – Hongrie – (Italie))
Ainsi, en Août 1914, toute l’Europe est en guerre et bientôt le monde. Il demeure difficile d’en attribuer la responsabilité à telle ou telle puissance. Trop de facteurs interviennent pour que le conflit même s’il n’est pas voulu, soit accepté par les futurs belligérants. La rivalité coloniale, le nationalisme exacerbé, la crainte de l’encerclement de l’Allemagne, peut-être le souvenir de la défaite de 1870 en France… sont autant de causes structurelles, profondes, pour tenter de cerner les raisons du conflit.

En France, il existe une ambiguïté, un paradoxe national. Les Français sont attachés à la Paix mais en même temps il existe chez eux un sentiment implicite qu’il y avait entre la France et l’Allemagne un « contentieux non réglé » qui pouvait déclencher un nouvel affrontement franco-allemand.
En 1914, l’opinion française est à la fois pacifiste et patriote.
Ce sentiment d’acceptation préalable au sacrifice de sa vie pèse de tout son poids aux premiers jours du mois d’Août 1914, lors de la mobilisation puisque 98,5 % des hommes mobilisés répondent à l’appel. Le passage brutal et inattendu de la paix à la guerre a été accepté presque unanimement par les Français d’où une ferme résolution mais sans enthousiasme.

2) Le déroulement du conflit

En Août 1914, les troupes françaises conformément au Plan XVII de l’Etat major, foncent vers les frontières du nord-est.
Simultanément les troupes allemandes débordent par le nord du pays et avancent jusqu’à la Marne le long de laquelle se déroule du 06 au 09 Septembre la célèbre bataille qui met fin à l’avancée ennemie.
Après la « course à la mer » le front se fixe pour plus de 3 ans, le long d’une ligne qui s’étend du nord jusqu’à la frontière suisse. A la guerre de mouvement succède la guerre de position c'est-à-dire l’enfer des tranchées. Si le mois d’Août a été particulièrement meurtrier pour les soldats Français, la guerre de tranchée, l’est encore plus, à cause de multiples offensives répétées et vaines : l’Artois, la Champagne, la Somme, Verdun, le Chemin des Dames…
En 1918, après une dernière offensive allemande, la contre-attaque de la France et de ses alliés notamment les Etats-Unis est victorieuse. Le 11 Novembre, l’armistice est signé. La Russie n’est plus dans le conflit depuis le traité de Brest-Litovsk voulu par les Bolchéviks arrivés au pouvoir en octobre 1917.

3) Guerre mondiale, guerre totale

La Première Guerre mondiale est la première guerre totale, elle touche tous les aspects de la vie et toutes les populations civiles comme militaires. Les civils sont soit victimes d’exactions dans les zones du front ou impliqués dans le « front de l’Arrière ». Cette guerre totale repose sur plusieurs éléments :

- l’emploi sur le front de nouvelles armes : la Première Guerre est la première guerre moderne, industrielle avec le recours aux mitrailleuses, aux abus, à l’aviation ou les chars. Cette « modernisation » provoque une extrême brutalisation des combats, avec la mort de presque 10 millions d’hommes, le recours aux gaz, la pulvérisation des corps…
- l’émergence d’une violence de masse dans laquelle les civils sont plus ou moins directement plongés. Directement pour plus d’un million d’arméniens massacrés par les Turcs, indirectement pour les civils restés à l’arrière mais confrontés à la mort d’un proche. La mort devient omniprésente, le deuil est partout.
- La propagande assure la mobilisation des esprits et donc l’acceptation des sacrifices.
- La mise en place d’une économie de guerre placée au service du front. L’Etat devient de plus en plus interventionniste : il réquisitionne, planifie, fixe les maxima des prix… La priorité est donnée à la guerre au détriment de la vie quotidienne des civils soumis par ailleurs à l’emprunt pour financer cette guerre.

Ainsi, la guerre est omniprésente et ne concerne pas que les militaires : le premier conflit mondial voit naître une culture de guerre dans laquelle baigne l’ensemble de la population, un outil pour que soit acceptée la déshumanisation. Tout est mis en œuvre pour organiser une solidarité entre le front et l’Arrière. L’Union Sacrée est la traduction politique de la cohésion nationale.
La Creuse n’échappe pas à cette guerre totale.

à suivre... : LES CREUSOIS ET LA GUERRE