Maçon Creusois émigré à Paris, Martin Nadaud est né à Soubrebost (1815-1898). Il s'éleva jusqu'au rang de préfet de la Creuse (1870-1871) et de député de Bourganeuf (1876-1889). Républicain inflexible, à la fibre sociale, patriote ardent, il a défendu toute sa vie une certaine idée de la citoyenneté.

De 1831 à 1834, il participe au soulèvement populaire contre Louis Philippe. Il adhère ensuite à la Société des Droits de l'Homme et en 1840, il anime la première grève des ouvriers du bâtiment parisien.

Martin Nadaud a le goût du savoir. Il dévore les écrits des chefs de file républicains et socialistes avec lesquels il se lie. Complexé au milieu de ces intellectuels, il se met à fréquenter avec assiduité les écoles mutuelles du soir.

De 1838 à 1848, dans son garni, il enseignera à son tour la lecture et l'arithmétique à des ouvriers creusois après sa longue journée de travail, "tout en donnant à mes élèves les premières notions d'une instruction élémentaire, je leur apprenais à aimer la République et à se représenter cette forme de gouvernement comme seule capable d'élever graduellement le peuple au niveau des autres classes de la société tant au point de vue moral qu'au point de vue des droits politiques et sociaux".

En février 1848, il prend part aux manifestations des Tuileries et de l'Hôtel de Ville en faveur de la République.

Bien connu des maçons creusois grâce à toutes ces années de vie de chantier, de militantisme et de bénévolat éducatif, Nadaud va naître à la notoriété. En mai 1849 il siège à l'Assemblée législative sur les bancs de l'extrême gauche. Il intervient sur toutes les questions de législation du travail et d'urbanisme. Le 7 mai 1850, il a cette formule passée à la postérité "à Paris, lorsque le bâtiment va, tout va".

Lors du coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, Martin Nadaud est arrêté et expulsé. Il ne se réinstalle en France qu'après la déclaration de guerre à la Prusse, en juillet 1870. Le 4 septembre, jour de la proclamation de la République, il se précipite place Beauvau auprès de Gambetta, qu'il avait rencontré incidemment au printemps et immédiatement estimé.
Le ministre de l'Intérieur et de la Guerre tend à Nadaud sa nomination de préfet de la Creuse. Gambetta voulait à la tête des départements des hommes énergiques et patriotes.

Le 7 septembre 1870, Nadaud est à Guéret. Pour lui, la guerre oppose, comme en 1792, la France républicaine aux despotes étrangers. Il exhorte donc les Creusois à la résistance. Il fait la tournée des communes. Il appelle ses administrés à souscrire à l'emprunt de défense. Il convainc les femmes de confectionner des vêtements militaires. Il organise, à la préfecture même, un grand atelier de couture. Il fait fondre des canons et fabriquer des fusils. En cinq mois, il aura levé et équipé six mille soldats, un effort de guerre exemplaire.

Quand, le 6 février 1871, Gambetta démissionne du gouvernement, Martin Nadaud résilie aussitôt ses fonctions. Il échoue aux législatives du 8 février. Pendant la Commune (de mars à mai 1871), il se tient sur la réserve.
En novembre 1871, il est porté au conseil municipal de Paris.

En 1876, Martin Nadaud est élu député de Bourganeuf, en Creuse. Il sera reconduit en 1877, 1881 et 1885. Il appartient aux républicains de Gambetta, partisans de réformes au cas par cas et en temps opportun. Il impulsera de notables avancées sociales, en matière de régime des prisons (1876), d'enseignement professionnel (1878), de retraite des vieux travailleurs (1879), d'accidents du travail (1883), d'assistance publique (1886), de temps de travail pour les femmes et les enfants (1888), etc. Il a activement participé à l'achèvement du boulevard Saint-Germain et de l'avenue de l'Opéra (1876), à la démolition du mur d'enceinte de Paris et des logements insalubres environnants (1882) et à la construction du métro parisien (1887).

Battu aux élections de 1889, il se retire à Soubrebost dans sa maison familiale de la Martinèche.



Il y rédige son autobiographie, "mémoires de Léonard, ancien garçon maçon".



Martin Nadaud décéda le 28 Décembre 1898 et fut inhumé le 31 Décembre. Jamais il n'y avait eu tant de monde à Soubrebost et le convoi, d'après le Marchois du 4 janvier 1899 était long de plus d'un kilomètre. Des couronnes avaient été offertes par les petits-enfants, par la commune de Bourganeuf, celle de Soubrebost, par le comité républicain socialiste et par Emile Cornudet. Des discours furent prononcés par Desfarges, Villard, Riffaterre, Monteil, Châtaignon au nom de Cornudet, Marteau maire de Soubrebost et Laurent, président de la libre pensée de Pontarion.



Sources : Préfecture de la Creuse, Martin Nadaud par Daniel Dayen, photos de ma collection personnelle.